meilleurs amis d'enfance & âme sœur sans le savoir ft. lupin e. renoir les mères des deux jeunes hommes respectifs ont accouché dans la même maternité. se rencontrant alors à la naissance dans la couveuse, leurs compteurs à tous deux s'arrêtent, mais bien sûr ils ne savent pas qu'ils sont l'un et l'autre leur âme soeur. ₪ après ils se font échanger de famille à cause d'une infirmière alcoolique. et même s'ils le savent pas encore, ils l'apprendront un jour, ce qui causera effectivement des dégâts, parce que chacun envie un peu la vie de l'autre - lupin souffrant de sa pauvreté à n'en plus finir, et roman de l'absence de ses parents qui s'en foutent apparemment de lui. ₪ ils étaient voisins lorsqu'ils habitaient lyon, les renoir pas encore si pauvre que cela, et étaient les meilleurs amis du monde, avec des personnalités complémentaires et fusionnelles. ₪ ils se sont perdus de vue lorsque les renoir ont déménagé à paris pour le métier de la mère de lupin. roman en a beaucoup souffert, comme s'il venait de perdre son seul échappatoire à une profonde tristesse. mais ses parents étaient, au contraire, bien contents qu'une famille aussi pauvre - donc de mauvaise fréquentation - s'éloigne d'eux. ₪ ils se sont retrouvés il y a un an et demi de cela par hasard, et depuis se sont jurés de ne plus se quitter. ₪ roman est le seul à vraiment être au courant de la détresse de lupin, mais n'en parle jamais. ₪ lupin, quant à lui, ignore que roman est en réalité malheureux, et l'envie, inconsciemment, au plus profond de lui.



Bourré comme un coin, l’alcool triste, Lupin était assis pathétiquement dans le caniveau – heureusement pour lui sec – sa bouteille de ballantines toujours à la main, attendant que le petit matin se lève pour pouvoir aller dormir et que la nuit lui foute enfin la paix. Il ne fit pas attention au pas qui se rapprochaient de lui, malgré qu’à cette heure-ci la ruelle était absolument vide, et ne réagit guère plus lorsque la personne s’assit à côté de lui. « Et bien si je m’attendais à te retrouver un jour. Dans cet état là en plus… » Et là ce fut comme un choc. Il connaissait cette voix, bien qu’elle avait mué en quelque chose de bien plus grave et sexy. Il tourna la tête et retrouva exactement les mêmes yeux verts qu’il avait connus durant toute son enfance. Alors un sincère sourire, qu’il ne pensait pas voir apparaître aujourd’hui, étira les lèvres de Lupin, et il crut même à un moment que ses yeux brillaient de larmes, mais cela ne pouvait être. « Roman, c’est bien toi ? » Oui, parce qu’avec ce taux d’alcool dans le sang, il pouvait tout aussi bien halluciner. Mais ce dernier hocha la tête et l’empêcha de se pincer pour vérifier si ce n’était pas un rêve. « Cette fois, je ne te laisserai pas partir. » Non, lui non plus d’ailleurs. Parce que son meilleur ami d’enfance, c’est cela qu’on pouvait appeler âme sœur.


Au bord du précipice, sa rage s’exprimait enfin sans qu’il ait le besoin de crier, de hurler, d’extérioriser par la parole tout ce fardeau qui lui pèse depuis des années. Oui, il se sentait à son aise sur cette rambarde au dessus du périphérique, la pluie dégoulinant sur ses cheveux, les rendant à semi-bouclés et les plaquant désagréablement sur son beau visage. Le pied pile poil sur la ligne de la frontière entre la vie et la mort, il ne s’était jamais senti aussi vivant. Il en avait marre de cette situation qui durait depuis des années. Il avait essayé de s’en sortir, mais tout ce qu’il avait réussi à faire c’était se maintenir à la surface de l’eau, se fatiguant à nager à contre courant sans réussir à rejoindre le bord, buvant la tasse de temps à autres, risquant de se noyer pour de bond. Mais aujourd’hui, c’était fini, du moins c'est ce qu'il avait décidé en se réveillant. Il n’avait pas envie de mourir, de se noyer, mais il savait qu’il avait perdu foi en la vie et qu’il en avait marre de nager depuis vingt-quatre ans, parce qu’en réalité il n’était pas devenu meilleur nageur, il s’était juste fatigué et avait stagné. « Descends. » La voix était autoritaire, sans l’ombre d’un tremblement qui aurait traduit la peur. Il se retourna et le vit lui. Oui, lui avec ses beaux grands yeux verts qui se distinguaient encore plus dans la nuit. « Et descends du bon côté, sinon je te le pardonnerais jamais. » Il avait cette poigne sur lui, cette fermeté qu’il faisait tout ce qu’il voulait. Et cela ne le dérangeait pas. Pourtant il ne connaissait pas plus douce personne que lui, mais avec lui il était solide, et il recherchait justement quelqu’un qui puisse le dompter. Alors il sauta sur la terre ferme, et lui sourit. L’autre aussi lui sourit en retour, avant de lui foutre une bonne droite dans la tronche.

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