Terrasse de café. Vendredi matin, en face de la seine, grisaille d’automne. Le genre à te saper le morale. Gris, sad, too sad. Everywhere, tout est gris, moche, mouillé par la pluie d’merde qui ne tombe pas assez pour sortir le parapluie et bien trop pour te mouiller tout entier en quelques minutes. Connasse de flotte. La France le noooord. Ca serait que tu resterais à Dubaï, toute ta vie, tous les jours des petits mois qui font les années de ton quart de siècle. Sale vieux. Tahar le vieux. Tahar vice-président, mon cuuul. Tu préfères t’en gratter les couilles plutôt que d’y penser. Tu sors de la douche, le corps sec, l’odeur du gel douche masculin qui fait tomber les minous comme des mouches. Ce parfum, haaaaa. Y’a pas meilleur parfum que celui d’un mec. C’est les phéromones des humains ça. Sorte de filet à odorat aiguisé. Pourtant depuis quelque temps c’est le vide, rien. Personne. Même pas la p’tite reubeu dont t’as gardé le numéro au cas où, à la rescousse manque total de courbes féminines. Tu veux pas d’elle. Nouveauté, c’est ça que tu veux. Du changement. Autres choses nouveaux décors, nouveaux tableaux. C’est sens hésitation que t’appelles un ami. Sortir, draguer, trouver de nouvelle cible à mettre dans le lit. Tu peux pas envisager d’aller chasser le minou seule. Ca se fait en meute ça, c’est tactique. Opération commando, je répète, opération belle gosse. Jean, Timberland qui souligne les couleurs de ton écharpe. Manteau bien ajusté, la dégaine d’un mec parfait. T’es beau, t’es élégant. T’es Tahar, quoi. Tu sors pour rejoindre ton ami sur la terrasse où vous vous rejoignez souvent. Le QG, le spot idéalement bien placé entre la délicate Seine et une longue allée de magasins féminins. Tous les chasseurs savent que c’est the place to be pour trouver d’la gonzesse ! Machooo ? Tellement. C’est ça qu’on aime. La discussion mène essentiellement sur la paire de fesses qui vient de passer quelques minutes au juste avant. Juste assez grosse, mais pas trop. L’idéale. T’es yeux se relèvent de ton café, encore chaud. Fumée qui s’en échappe pour te réchauffer le visage quelques instants. Merde, c’est quoi ça ? Ton ami qui te fais part de sa belle découverte, cette petite brune, finalement taillée au bras d’un gars. Louche. Très louche. Ton sang ne fait qu’un tour quand ils s’arrêtent. Son visage que tu vois, de loin. Putain ! Tu te lèves brusquement manquant presque de faire tomber les cafés qui se trouvent sur la table. Démarche énervée, vers le duo. Ta sœur. Ta putain de sœur avec ce mec là. Sériously ce mec ? Hé toi, cheveux gras. Décale-toi un peu, j’sens ton simili cuir trop près d’la demoiselle la. Il te regarde étrangement. Le look punk, immonde. Tu n’adresses pas un seul regard à Anyssa à côté. Concentration maximale sur ce type qui la touchait, quelques secondes juste avant. Allez barre toi, tu dois avoir je sais pas.. un rat à bruler pour ton culte à Satan non ?