Cette pauvre fille était complètement saoule. J’avais rarement vu quelqu’un me donner ses clés de voiture et son adresse sans poser plus de question. Heureusement pour elle, je ne comptais pas abuser –parce que si j’avais voulu, j’aurais facilement pu. Après l’avoir trouvé sur le bord de la rue à ma sortie du club, je lui avais tout de suite proposer mon aide. Je n’avais aucune idée de ce qui l’avait foutu dans cet état, hormis l’alcool bien sûr, mais quelque chose me disait que ce n’était pas une histoire qui me ferait sourire si j’avais la chance de l’entendre. Je la ramenai donc du mieux que je le pu jusqu’à son appartement. Je l’aidai à monter à l’étage et c’est là qu’elle reprit légèrement vie. Marchant comme un félin, retirant ses vêtements de façon très suggestive. J’avoue avoir ressenti un petit faible au niveau de mon service trois pièces, mais je réussis à contenir mes instincts de mâle suffisamment longtemps pour la convaincre de s’allonger. Fouillant un peu dans ses armoires, je lui dénichai un verre d’eau que je posai près de son lit et m’installai finalement dans son fauteuil, décidant qu’il était plus sage que je garde un œil sur elle juste au cas. « Je partirai demain matin.. d’accord? » Je la regardai un moment et elle n’esquissa qu’un mouvement de la tête. Je souris en secouant mes mèches blondes et balançai mon hoodie sur une chaise avant de m’assoir. Je la regardai dormir à peine quelques minutes avant de sombrer à mon tour, le dos bien droit.

Lorsque le jour pointa le bout de son nez, transperçant la noirceur de l’appartement, je ne me réveillai pas tout de suite. J’avais l’habitude des rayons qui filtraient au travers des persiennes. Dormant à point fermé, je ne me rendis pas compte que la rouquine –dont le nom m’échappait toujours- se réveillait avec une des pires gueules de bois de sa courte vie et un trou de mémoire suffisamment béant pour n’avoir aucune idée de qui j’étais et encore moins ce que je foutais là. Oups?

La soirée avait été longue au restaurant. Je ne désirais qu'une chose; retrouver ma baignoire et mon lit. J'étais épuisée, vidée de mon énergie, mais mon portable avait sonné. Mon bourreau m'attendait. Un long et douloureux soupire s'était échapper d'entre mes lèvres. En silence je m'étais donc rendue chez lui pour exécuter ce qu'il me demandait. En un rien de temps, je me retrouvais nue devant lui et il aventura ses mains sur ma peau, me prenant sans ménagement. Je devais l'aimer, affreusement, mon père, pour coucher avec son patron. Chose faites, je retournais à ma voiture avant de prendre la direction d'un bar. J'enfilais les verres, les uns après les autres. La fermeture sonna et je me retrouvais assise sur le trottoir, incapable de conduire ma voiture. Je devais être salement amochée pour que les gens s’arrêtent pour venir me voir, puis un pur inconnu s'approcha. Sans me poser trop de question, je lui avais donné les clefs de ma voiture, ainsi que l’adresse de mon appartement… Il pouvait s’enfuir avec ma voiture, voler mon appartement, au final, je m’en foutais un peu. Je m’endormis tout au long du trajet puis une fois rendue à la maison, il m’aida à sortir de la voiture, m’amenant à l’intérieur. Je ne me rappel pas de ce qui s’est passé par après. J’imagine que j’ai dû tomber endormit, comme une bûche.

Le soleil venait de pénétrer au travers le volet que j’avais préalablement fermé la veille. Je sentais cette douce chaleur se répandre sur ma peau, puis cet affreux mal de tête ce posé sur moi. Je grimaçais avant de gémir un peu, tirant le drap pour me couvrir jusqu’au menton puis j’ouvris les yeux. Je reconnaissais mon plafond, heureusement, j’étais revenue chez moi. Je soupirais puis fit craquer ma nuque avant de regarder vers mon cadran. Je fronçais les sourcils en voyant le verre d’eau. Jamais je n’amenais de l’eau jusqu’à mon lit. Généralement, je buvais le verre dans la cuisine et le laissais trainer sur la table basse du salon. Je m’asseyais alors vivement. Mon drap glissa le long de ma peau, dévoilant ma poitrine. Je le vis alors, là, endormit dans mon fauteuil, avachit comme un homme sait si bien le faire. Je lâchais un petit cri de surprise. « Nom de Dieu! T’ES QUI ET QU’EST QUE TU FOU DANS MON APPARTEMENT? » Je remontais rapidement le drap sur mon corps, me couvrant. Un frisson me traversa… Qu’allait-il m’arriver maintenant? Allait-il m’agresser… Ou l’avait-il déjà fait?

« Nom de Dieu! T’ES QUI ET QU’EST QUE TU FOU DANS MON APPARTEMENT? » Une voix sembla me tirer de mon sommeil, m’arracher à ce moment de calme avant la tempête. Oui, parce que la tempête allait s’abattre sur moi beaucoup plus rapidement que je ne pouvais l’imaginer. J’ouvris un œil à la fois, ne comprenant d’abord pas où j’étais. Je regardai autour, ignorant la question qui m’avait été posé comme si je ne l’avais pas entendu. Puis, tout me revint d’un seul coup. Je me redressai sur ce fauteuil où j’avais fini par légèrement glisser –ou carrément m’avachir, au choix- et la regardai bien en face. Qu’est-ce qu’elle m’avait demandé? « Mmh.. Je parle pas français…»  dis-je en fronçant les sourcils, mon terrible accent dans la voix, tentant d’avoir l’air innocent, puisqu’innocent, je l’étais, et de ne pas avoir l’air du gros pervers de l’endroit. Parce que bon, soyons franc, elle devait croire que j’avais profité d’elle. C’était totalement compréhensible. Mais ce n’était pas le cas et j’allais devoir m’expliquer du mieux que je le pouvais. Je me passai une main sur le visage et m’attardai un peu sur mes yeux que je pressai de ma paume, me pinçant ensuite l’arête du nez. Ça se trouve, elle était carrément en colère et moi j’étais là comme le dernier des imbéciles, assit dans sa chaise. Je croisai à nouveau son regard et eu envie de foutre le camp sans demander mon reste. Elle avait cet air menaçant de la meuf qui allait se lever d’un moment à l’autre pour m’agresser et pourtant… Elle avait aussi cet air complètement perdu de la victime qui ne sait pas si elle a été drogué la veille ou non. Je n’aimais pas particulièrement être dans cette position, mais je préférais largement ma place à la sienne.

Je restais perplexe. Qui était-il et que venait-il foutre chez moi? Attrapant le drap bien fort, je sortais du lit et me dirigeais vers la cuisine en courant. Ma chevelure rousse dansait sur mon dos dénudé. Frénétiquement, je cherchais le téléphone pour appeler les secours. Si c'était un maniaque, il aurait ma peau... Donc il fait dire qu'il pouvait tout voir ce que je faisais étant donné que je vis dans un appartement à air ouverte, mais bon. Son accent m'avait fait comprendre qu’il n’était pas français. Après tout, il venait clairement de me dire qu’il ne parlais pas le français. Je m’en foutais royalement, je voulais simplement savoir ce qu’il faisait ici et qui il était… Attrapant un couteau, je le pointais vers lui. Me pensant bien courageuse, je n'avais pas remarqué que le protège lame était toujours en place. « Who are you motherfucker?! » Bon je venais de l’insulter, ce n’était peut-être pas la meilleure façon d’avoir une réponse à mes questions, mais je voulais simplement me protéger. J’étais terrorisée, frigorifiée… Le drap qui me couvrait laissait place à bien de l’imagination lorsque l’on y pense… Ma tête était lourde, je sentais la nausée montée en moi, mais j’essayais de rester calme et courageuse… Du moins, j’essayais de passer pour une personne qui ne se laisserait pas faire par personne… Je mordillais ma lèvre, cherchant un peu de courage dans mon fort intérieur. « Hey! I speak to you, motherfucker… » J’espérais de tout mon cœur qu’il ne soit pas violent, ni agressif… À voir sa carrure et ce corps musclé… Si beau à regarder… Oh! Ever, calme toi, il t’as peut-être agressé! Je reprenais mon souffle puis je reculais encore un peu avant de me retrouver plaquer au comptoir, j’étais prise au piège…

Elle se releva d’un bon, tenant bien fort son drap contre elle, courant vers la cuisine. Je la suivis du regard, me levant d’instinct tout en la suivant du regard. Elle faisait quoi là? J’arquai un sourcil, ne comprenant pas ce qu’elle allait faire là et si rapidement. Je ne doutais pas une seconde qu’elle ait envie d’un café –tout comme moi d’ailleurs-, mais de là à y aller de si bon train? J’en doutais fortement. Elle attrapa plutôt un couteau, se tournant vers moi l’air complètement furax et me demanda dans un anglais parfait : "Who are you motherfucker?!" J’avais presque envie de rire. Presque. Bien qu’elle pointe un couteau vers moi, je pouvais voir d’ici le cache lame toujours en place. Bon, déjà, c’était largement moins dangereux. N’empêche, avec un bon élan, elle pourrait quand même me blesser avec. « Hey! I speak to you, motherfucker… » Je levai rapidement les mains en signe de reddition et secouai rapidement la tête. « WÔ! Calm down. I’m not here to hurt you. I just took you back home yesterday… » Ouais, bien joué Greenfield, avec une explication pareille, elle devrait poser son couteau et t’écouter tranquillement. Parce qu’après tout, c’est pas du tout bizarre qu’elle soit là toute nue devant toi avec un simple drap pour se couvrir. Oh, et maintenant elle reculait contre le comptoir, effrayé.  J’avais envie d’me foutre une main contre le front, mais ça n’aiderait en rien à ma cause alors je continuai sur un ton plus calme. « You can put that down.. I swear I did nothing to you and I won’t either… »

Au fur et à mesure qu'il s'avançait, je reculais. Je tremblais de peur, de rage. Je n’avais aucun souvenir de ma soirée. Alors du coup, peut-être qu'il avait mit de la drogue dans mon verre et culpabilisant, il avait décidé de veiller sur moi toute la nuit? Je secouais la tête, trouvant l'idée absurde puis je me retrouvais plaquer contre le comptoir, ma main tenant toujours le couteau dans sa direction. Alors j'avais mis dans le mille. Il ne parlait pas français. « So... Why I'm naked? Don't tell me I was soaked! I will not belive it! » Je tenais toujours le drap fermement contre ma poitrine, essayant d'avoir un air pour le moins crédible. C'est alors que je sentis tout l'alcool ingurgiter la veille remonter le long de mon œsophage. J'allais rendre le tout... Sans attendre je posais le couteau sur le comptoir et me pencha au dessus de l'évier, rendant mes restes de la veille. Mon corps était parcouru de frissons et je savais que je ne finirais pas immédiatement de vomir… J’avais une main qui tenait fermement le drap et une autre, qui essayait tant bien que mal de retenir mes cheveux. J’étais alors à sa merci. Il pouvait bien faire ce qu’il voulait de moi maintenant… Je poussais l’ouverture du robinet vers le haut, déclenchant ainsi l’eau puis je pris une gorgée d’eau à même le robinet. Au moins, je pouvais rincer ma bouche et je redonner un peu de vitalité. Appuyée contre le rebord du comptoir, je n’avais pas remarquer qu’il s’était approché de moi… Je ne me rappelais de rien et j’étais terrorisée…

Elle était tout contre le mur et je me sentais terriblement mal. Comment lui faire comprendre? Comment la calmer? Elle tremblait et tenait toujours si fermement le couteau que ses jointures en étaient blanches. "So... Why I'm naked? Don't tell me I was soaked! I will not believe it!" Je secouai la tête, inspirant un bon coup pour tenter de trouver les mots juste. « You were hammered, I don’t even know how you could stand straight and.. as soon as we got here you started taking your clothes off and… ugh shit.» Je m’arrêtai de parler alors qu’elle se retourner pour violemment renvoyer son alcool de la veille dans l’évier. Je m’avançai avec précaution, lui tenant les cheveux. Qu’elle le veuille ou non, elle avait encore besoin de mon soutient et je n’allais certainement pas partir comme ça. Je repoussai assez le couteau qu’elle avait mis sur le comptoir entre temps pour qu’il soit hors de sa portée, je tenais tout de même à ma vie, et tentai de la calmer. « I’m sorry you’re so confused, but you have to believe me.. » Elle ouvrit l’eau, rinçant l’évier et sa bouche par le fait même et je ne pouvais qu’imaginer à quel point ce devait être désagréable pour elle présentement. En toute logique, j’aurais dû partir la veille. Avec un peu de bon sens, j’aurais toujours pu partir ce matin avant qu’elle ne se réveille. Là, j’étais juste carrément stupide de rester de de m’entêter, mais j’étais comme ça, je n’y pouvais rien, je m’étais mis en tête de lui faire comprendre que je n’étais pas l’ennemi ici et je ne partirais pas avant que ce ne soit clair comme de l’eau d’roche.

Penchée au-dessus de l'évier, je ressentais tout l'alcool évacué mon corps. Cette chaleur si désagréable qui traversait ma trachée me rendait faible. Je détestais cette sensation… Pourtant, je n’arrivais pas à m’arrêter, chaque semaine, chaque soir où il me téléphonait, finissait ainsi… Je buvais à ne plus me rappeler de rien… J’imagine que je peux dire que je suis alcoolique… Sa main attrapait mes cheveux. J'eus un moment de faiblesse. Allait-il m'attaquer? Je le laissais me parler et tranquillement, je glissais mon coude vers l'arrière avant de lui donner un bon coup dans les côtes. Je le lui donnais directement dans les côtes, espérant lui avoir fait assez mal pour qu’il se décolle de moi, je tremblais à sentir sa peau si proche de la mienne… Surtout sa main si près de ma nuque…Sans plus attendre je repartais vivement vers mon lit puis je couru vers la porte d’entrée. Verrouillée et surtout barrée avec les trois loquets de sureté que mon père avait installée. Mon paternel avait toujours eut peur pour moi… J’imagine que s’il savait ce que je faisais, il paniquerait tout autant. Face à cette porte, j'essayais de l'ouvrir, mais ma faiblesse et mon énervement eurent raison de moi. Je restais là, terrorisée. « Please... Don't kill me... I will give tou everything you want... » J’étais dos à lui, je tremblais, serrant la poignée de la porte dans ma main. Mes jointures étaient blanches, mais je m’en foutais, royalement. J’ignorais qui il était, c’était quoi ses intentions… Tenant toujours le drap contre moi, mon front se posa sur la porte, doucement. Ma chevelure rousse flottait sur mon dos… À la limite, l’imagine pouvait être belle et agréable à regarder…

Je cru qu'elle me laisserait faire, qu'elle me donnerait une chance. J’avais réussi à écarter ses cheveux, évitant qu’elle ne les salisse en vomissant dedans. L’étant dans lequel elle se trouvait devait tout bonnement être terrible, insupportable. Si seulement elle acceptait de me laisser l’aider, juste un moment… Apparemment, j'étais bien naïf et sous-estimait la puissance d'un bon coup de coude dans les côtes. Sans que je ne le vois venir une seule seconde, elle s’était élancé pour me donner un bon coup et courrait maintenant vers la direction opposée à moi. Je me pliai sous la douleur, mais surtout la surprise. Elle n'en laisserait pas passer une seule. Déjà, elle était à la porte qu'elle tentait d'ouvrir, en vain. "Please... Don't kill me... I will give you everything you want..." J'arquai à nouveau un sourcil, elle avait vu beaucoup trop de film celle-là. Je me redressai, me massant un peu les côtes tout en m’approchant doucement d’elle. On aurait cru un animal apeuré. « Fuck calm down. I'm not gonna hurt you I'm only here to help. See, I slept in the chair... Why would I sleep in the fucking chair if I wanted to rape you? » Je soupirai et me passai nerveusement une main dans les cheveux. « What can I do to convince you? »

Face à cette porte, j'essayais moi-même de me convaincre qu'il ne me ferait pas de mal... Après tout, j'avais vu bien des films et aussi beaucoup trop de reportage sur les femmes seules qui se réveillaient avec un inconnu dans leur lit. Le dit inconnu avait profité d’elle, allant jusqu’à les violer sans pitié. Doucement, je me tournais pour lui faire face. Il était prêt à me fournir une preuve pour me prouver qu'il ne m'avait rien fait. D’un autre côté, il n’avait pas tort. S’il avait voulu me faire du mal, il n’aurait pas dormit dans le fauteuil… Et puis il aurait certainement prit la poudre d’escampette. Je me sentais un peu idiote, mais bon… Je mordillais ma lèvre inférieure, me donnant alors un air à croquer puis je repoussais une mèche de cheveux. « I have a tattoo... Where is he? » C’était clair qu’il l’avait vu s’il m’avait lui-même mit nue… Après tout, c’était évident. Je tenais le drap contre moi, essayant de paraître moindrement héroïque, quelque chose comme ça… Du moins, j’espérais avoir l’air forte, pas faible… Cependant, ce n’était pas le cas, dans mon fort intérieur, je tremblais, je sentais mes jambes devenir molles.

Elle se retourna soudainement, un air angélique sur le visage et je compris rapidement qu’elle avait quelque chose en tête. Pas très rassurant si vous voulez mon avis surtout qu’il y a une minute, elle croyait que j’allais la tuer. Demeurant sur mes gardes, je la détaillai du regard, surveillant ses faits et gestes. « I have a tattoo... Where is it? » Un tatouage? Comment est-ce que j'étais supposé le savoir? Je n'avais remarqué aucun tatouage sur elle. Et d'abord je n'aimais pas son changement soudain d'attitude. J'avais l'impression qu'elle préparait quelque chose... Pourquoi me demander une chose pareil? C’était elle qui avait retiré ses vêtements, pas moi. À tous les coups, si elle avait réellement un tatouage, il était caché à un endroit où il m’était impossible de le voir si elle portait ses fringues. Je serai la mâchoire sentant que j'allais prendre cher dans cette histoire. « I don't know I didn't look at you last night I just put you to bed... I bet you don't even have a tattoo.. » Allez savoir pourquoi j’avais décidé de la provoquer ainsi, mais voilà. Si elle voulait jouer les malignes, elle allait devoir trouver autre chose. Je n’avais vu aucun tatouage alors tant pis. Où est-ce qu’il était? Sur l’une de ses fesses? Et qu’est-ce que c’était? Un tout petit cœur? Une phrase? Un énorme papillon au bas du dos? Non, je l’aurais vu. Qu’importe, je la regardais toujours en fronçant les sourcils, attendant la suite.

Je souris faiblement. Il avait faux, j'en avais un. Sous le sein droit. Bien cacher. Believe in your self it's almost succed. Je repoussais donc mes cheveux roux vers l'arrière avant de reprendre un air fier. « Well. I have one. Under my right boobs... » Je fis un clin d'oeil puis reprit le chemin de mon lit, le contournant du mieux que je pouvais. Je me penchais donc pour rattraper mes sous-vêtements lorsque je tomba nez à nez avec une enveloppe de condom ouverte. « Sale enfoiré! » Je fonçais sur lui pour lui mettre une bonne claque au visage, voulant le rouer de coup... Ce que j'avais oublié, c'est que c'était moi qui avait sorti l'enveloppe et qui l'avait ouvert durant mon strip-tease pour lui... À ce moment-là, j’étais tellement soule que je n’avais aucune inhibition. Je faisais tout ce qui me plaisait, comme bon me semblait. Au diable les convenances, le plaisir avant tout… C’est fou ce que l’alcool peut avoir comme conséquence sur une personne… Elle peut la faire littéralement changer, la faire agir comme une pauvre imbécile… Cette fois-ci, c’était moi qui étais dans le tort. Avoir su, j’aurais remercié le garçon en lui donnant une tonne de billet, un peu de café et un bon coup de pied au derrière, à la place, je préférais m’en prendre à lui, comme une pauvre idiote. Ma main me chauffait, j’avais envie de le frapper, de lui faire avaler son beau sourire ravageur, envie de hurler, encore et encore… Dans quel bordel je m’étais mis?

« Well. I have one. Under my right boobs... » Sous son sein droit. Eh bien voilà pourquoi je ne l'avais pas vu. Certes je l'avais vu nue, mais j'avais soigneusement évité de la détailler alors même que c'était ce qu'elle voulait, essayant de me chauffé et tout ce qui va avec. J'aurais si facilement pu profiter et pourtant, je ne l’avais pas fait. J’avais tout de même plus de respect que ça pour elle –ou tout autre fille d’ailleurs. Je ne voyais pas du tout qu’est-ce qu’il y avait d’amusant à profiter d’une fille alors qu’elle était saoule. La moitié du temps, vous risquiez bien plus d’avoir du vomi sur les cuisses qu’une paire de seins dans les mains. Bref.. Je revins un peu à la réalité alors qu’elle me contourna pour retourner vers son lit le tout sous mon regard perplexe. Elle changeait d'humeur comme moi de sous-vêtement lors d'une soirée au club, c’est-à-dire constamment. Elle attrapa rapidement des vêtements au sol et sembla s’attarder sur un truc par terre. «Sale enfoiré! » Pas la peine de parler français pour comprendre. Sa main sur ma gueule vint conclure ce que je redoutais. « Stop! Aw fuck stop it! » Je lui attrapai les poignets, la tenant assez fort pour la contrôler, mais pas assez pour lui faire mal. Qu'est-ce qu'elle avait trouvé pour me sauter dessus comme ça? « What the hell?! » Demandais-je, tenant de rester calme. D’abord le couteau, ensuite le coup dans les côtes et maintenant ça? Elle cherchait à me rendre complètement dingue ou quoi?

J'étais sous le choc! J'avais osé baisser ma garde et me voilà, face à cette enveloppe ouverte. Je bouillais de rage, assez pour le frapper au visage. Étant de nature pacifique, je ne comprenais pas vraiment mon comportement face à lui. Ma main s’était donc durement abattue sur sa joue, lui laissant une belle marque. J’étais hors de moi, furax, c’était relativement bizarre, comme si je déversais toute ma rage accumulée sur lui. J’allais reprendre la danse, voulant reposer ma main sur sa joue, mais je ne puis le faire. Il me stoppa, net. Ses mains se posèrent sur mes poignets, m’empêchant de bouger. Mon regard se posa sur le sien, je respirais profondément, écoutant ses paroles. Il n’était pas bien joyeux, après tout, il avait eu un réveil brutal. C’est alors que je sentis le drap glisser le long de mon corps. Le rouge monta rapidement à mes joues et j'essayais de me défaire de son emprise pour me couvrir de nouveau. « Asshole! I found it! The condom! » Je finis par calmer un peu mon ardeur, ne voulant pas être marqué par sa force… Après tout, j’avais déjà des ecchymoses à cause de l’enfoiré qui me baisait, valait mieux passer sous silence d’autres ecchymoses. Ma respiration avait tranquillement diminuée, après tout, j’étais face à lui, nue. Il avait maintenant pleinement le temps de trouver mon tatouage… J’étais un peu effrayée, comme une biche au milieu d’un autoroute… Je me sentais perdue…

Je savais qu’elle mentait, ça se voyait dans son regard. Mais comment est-ce que je pouvais lui faire comprendre qu’elle devait arrêter de se monter la tête avec ces conneries? Elle continuait de servir ses clients et je savais que ce n’était pas seulement parce que c’était son boulot, mais aussi parce que ça lui évitait de devoir rester là, planté devant moi à affronter mon regard posé sur elle. Regard qui, elle devait s’en douter, perçait facilement sa carapace. Je termina ma lasagne et repoussai légèrement mon assiette, buvant tranquillement mon verre d’eau. "It's you Ash... I can't... Forget your hands on me..." J’esquissai un sourire amuse. « Alright. If it’s true then you won’t mind us being friends, right? I’ll wait for you right here after your shift and we can go out somewhere –as friends. » Je repris encore un peu d’eau, ne lâchant pas son regard une seule seconde. Elle n’allait pas s’en sortir aussi facilement, c’était hors de question.

Je l'évitais du mieux que je pouvais et pourtant, je ne pouvais pas. Il avait été le seul homme à être aussi tendre avec moi, je ne pouvais pas me résigner à oublier... C'était ridicule. J'écoutais ses paroles, en silence puis je torturais ma lèvre. « I can't tonight... I close and... I have something to do... » C’était faux, je n’avais rien de prévu, mais je ne pouvais pas me faire à l’idée de le revoir, je flancherais, finirais par tomber amoureuse de lui et je souffrirais, on était pas du même monde, aucunement, je devais sembler idiote, sûrement c’était ça. J’avais la tête ailleurs, je cherchais une échappatoire à vrai dire, travaillant comme une déchainée, j’évitais ainsi mes démons, souhaitant m’en sortir du mieux que je pouvais. J’avais peu parlé à mes parents, ce qui les inquiétait beaucoup. Ils voyaient bien que je n’avais pas toute ma tête. Je n’arrêtais pas de penser aux paroles d’Ashton, aux paroles si dures, mais si réelles… Je pouvais être forte, mais sans lui… Je ne le sais pas… Je pris une grande respiration, retournant à mes salières, jetant un coup d’œil à la salle. Je souhaitais presque Ashton prenne la sortie au plus vite, pour que je sente un poids de moins sur mes épaules, que je recommence à respirer normalement…

Elle m’écoutait sans piper mot, torturant sa lèvre comme j’aimais tant qu’elle le fasse. C’était ridicule tout ça, comme si je la connaissais depuis des lustres et pourtant. J’avais l’impression de la connaitre par cœur, de la lire plus facilement encore que les lignes de ma main et elle n’avait été dans ma vie que durant 24h avant qu’on ne se sépare à nouveau. J’avais toujours envie de la voir, je l’avais dans la peau. Et malgré qu’elle semble ressentir exactement la même chose, elle niait en bloc. "I can't tonight... I close and... I have something to do..." Je secouai la tête de gauche à droite, claquant la langue avant de reposer mon verre sur le comptoir, croisant les bras sur ma poitrine. « Bullshit. » Je me passai doucement la langue sur les lèvres, une geste très suggestif, sans la quitter des yeux. « I know you’re lying. » Je me redressai lentement, déposant des billets sur le comptoir –bien plus que nécessaire, mais c’était pour son pourboire. « See you tonight love. » Je poussai l’audace jusqu’à l’embrasser sur la joue et sortie sans attendre qu’elle me réponde.

Trop c'est comme pas assez. Je devais nier, devais me défaire de cette envie de lui arracher ses vêtements, là, ici maintenant. Il savait comment jouer avec mes émotions, mes sentiments. Son Bullshit fut agressif, résonnant dans les oreilles de certains clients, adepte de mon service. Je le regardais poser les billets sur le comptoir, comprenant qu'il en avait laissé beaucoup trop puis je soupirais. Ce soir... Non... Je ne pouvais pas. Le reste de la journée passa rapidement, mais j'étais nerveuse, anxieuse. Le restaurant ferma que vers minuit, j'étais épuisée, je sortis de l'établissement en serrant mon écharpe puis je vis cette voiture noire s'approcher. Le patron de mon père, qui me suivait encore. Je soupirais puis regardais autour de moi pour voir si Ash n'était pas là. Je savais qu’il ne me lâcherait pas, j’avais pris l’habitude de sortir accompagnée, mais ce soir, je ne pouvais pas, je voulais juste qu’Ashton apparaisse comme par magie pour me secourir.

Elle avait peut-être menti en disant qu’elle ne pouvait pas ce soir, mais je me doutais qu’elle disait la vérité quant à son quart de travail se terminant tard. J’arrivai donc vers minuit pour la rejoindre, ayant congé ce soir-là. Je trainai près du restaurant et m’en approchais justement lorsque je la vis sortir. J’allais l’interpeller, mais quelque chose dans son langage corporelle ne me disait rien qui vaille. Elle semblait stressé, sur la défensive. Je suivis son regard et vis une grosse bagnole noire. Eh merde. « Everlyn! » Je parlai suffisamment fort pour qu’elle m’entende et m’approchai rapidement d’elle. Si ce connard venait la chercher jusqu’ici, il aurait d’abord affaire à moi. J’avais peut-être des parents qui étaient de bon chrétiens, mais nous étions aussi de bon texans et croyez-moi, on ne déconne pas avec un mec du Texas. J’arrivai à sa hauteur et posai une main rassurant sur sa hanche. « You alright? » Personne n’était encore sorti de la voiture, mais les phares nous éclairaient et je me doutais fortement qu’il nous observait depuis l’intérieure. Qu’il sorte qu’on discute tous les deux.

Je sais, je lui avais mentis, mais c'était plus fort que moi, j'essayais de me défaire de lui, défaire de cette image, de son corps contre le miens. C'était plus que physique, c'était autre chose. Je l'entendis m'appeler. Je sursautais, heureuse de le voir arriver. Sa main sur ma hanche me fit le plus grand bien puis je mis ma main pour bloquer les lumières de la voiture. "It's him..." C'est à ce moment que la portière ouvrit. « Everlyn, ramène ton cul ici, j'ai pas que ça à faire t'attendre! Aller ça l'a assez durer ce petit jeu à la con! N'attend pas que je vienne te chercher tu vas le regretter chérie! » Il était agressif. Je frémis puis baissais la tête avant de mordre ma lèvre violement. « I need to go... » Je savais que j’allais mettre Ash en colère, mais cet homme m’effrayait au plus haut point… Et je ne voulais pas qu'il s'en prenne à Ashton.

Elle mit sa main en visière sur ses yeux, me regarda anxieuse : "It's him..." J’hochai la tête, j’avais déjà compris. Il sortit de sa voiture à ce moment-là, engueulant direct la rousse à mes côtés. "Everlyn, ramène ton cul ici, j'ai pas que ça à faire t'attendre! Aller ça l'a assez durer ce petit jeu à la con! N'attend pas que je vienne te chercher tu vas le regretter chérie!" Je ne compris pas exactement tout ce qu’il venait de dire, mais l’essentiel et c’était largement plus que je ne pouvais en supporter. Est-ce qu’il lui parlait toujours comme ça? Qui est-ce que j’essayais de couver, bien sûr qu’il lui parlait toujours comme ça! Allez donc imaginez ce qu’il lui faisait vivre. Un frisson me remonta l’échine alors que je serais les poings. "I need to go..." Je secouai la tête, relevant un bras pour lui barrer le chemin. « No you don’t. » Je m’interposai physiquement entre elle et lui, au diable que j’ai l’air de protéger mon territoire, elle n’allait pas souffrir à cause de lui une seconde de plus. Pas tant que j’étais là. Je me tournai rapidement, la regardai par-dessus mon épaule: « Stay here. Go back inside if you can. » Puis je fis volte-face pour le voir lui. « Hey asshole! Oui, toi. » dis-je en tentant de mon mieux de parler français. J’avançai vers lui avec toute la détermination du texan en moi et gonflai le torse comme un coq prêt au combat. Un de nous deux repartirait d’ici avec elle et ce n’était pas lui.

Je frémissais de peur. Comment pouvait-il être aussi méchant envers moi, envers tout ce que j'avais fait pour cet homme? Je me dégoutais, détestais. J'avais vite fais comprendre à Ash que je devais repartir avec cet homme, mais déterminé il m'avait repoussé derrière lui pour me protéger. Mon cœur recommençait à battre à tout rompre. L'homme se tenait près de la voiture je vis la colère monté en lui lorsqu’Ash l'insulta. C'est alors qu'un flash me revient, j'attrapais vivement le bras d'Ash pour le tirer vers l'arrière. « Ash... Please... He have a gun... Just leave... I'll call the police... » Paroles terrifiantes, mais si véridiques. Il pouvait sortir son arme à tout moment, faire feu, nous atteindre, tous les deux… Mes doigts se resserrèrent autour de son bras musclé pour lui faire comprendre qu’il valait mieux abandonner et juste se rendre à l’évidence, il ne me lâcherait jamais… Ma peau claire était illuminée par le lampadaire, Ash pouvait facilement voir la peur dans mes yeux, je ne pouvais pas la lui cacher, pas cette fois.

J’étais pratiquement certain qu’Everlyn était parti à l’intérieur. Qu’elle m’avait écouté malgré sa réticence à tenir tête à cet enfoiré. Pourtant, je sentis rapidement sa main sur mon bras me retenant. J’avais peur qu’elle ne me demande de laisser tomber. Qu’elle me dise qu’elle irait avec lui et que je pouvais bien me mêlé de mes affaires. Au lieu de quoi, elle m’avertit simplement : "Ash... Please... He has a gun... Just leave... I'll call the police..." Je serai d’avantage les poings. Oserait-il s’en servir? Ici, devant elle, devant des témoins potentiels? Ce devait être le genre de chose qui ne le dérangeait guerre. Les mecs comme lui avaient suffisamment de fric pour faire taire les gens. Pas moi. « I’m coming with you then. Let’s go back inside and call the cops. We’ll wait there till they get here or he leaves. » Je la tenais maintenant par les deux bras, comme pour m’assurer qu’elle n’irait nulle part –du moins pas sans moi. J’avais si peur qu’elle retourne avec lui, ça me rendait malade.

J'hôchais la tête en silence tournant les talons pour aller vers le restaurant, mais la porte était verrouilée, mon patron avait du quitter par l'arrière. L'homme commençait à s'impatienter de plus en plus. Il claqua la portière de sa voiture avant de marcher vers nous. « Hey boy toy! Leave her alone! She's mine... She's my property! » Je trésaillis, sentant la colère monter en moi. Je savais que j'étais un objet à ses yeux et ça me dégoûtais. L'homme replaça son manteau. « Everlyn, ne m'oblige pas à utiliser la force. Viens immédiatement. » Je soupirais puis regarda Ash, murmurant. « Ash... You can't do anything for me... I don't have the choice... Anyway... Nobody wants me so... It's the only one... Please... » Je voulais tout simplement pas qu'il se fasse du mal ou même tirer devant moi. S’il lui arrivait malheur, jamais je ne pourrais m’en remettre, je me sentirais comme une pauvre idiote et je quitterais sûrement la France ou même pire encore… Je regardais Ash, le suppliant du regard de renoncé.

Ever marcha vers le restaurant, réalisant rapidement que la porte était verrouiller. Eh merde, manquait plus que ça. En plus, j’étais venu en taxi, on allait devoir attendre pour retourner chez moi de la même façon. Pas moyen donc de s’en sortir assez rapidement. "Hey boy toy! Leave her alone! She's mine... She's my property!" Donc il savait parler anglais. Je serai la mâchoire en l’entendant l’appeler sa propriété. Elle n’était la propriété de personne, surtout pas la sienne. J’avais une envie furieuse d’aller lui décrocher la mâchoire, mais sachant qu’il avait une arme, je n’osais pas m’aventurer. "Everlyn, ne m'oblige pas à utiliser la force. Viens immédiatement." Mon regard oscilla entre elle et lui avant qu’elle ne se tourne vers moi, l’air à bout de ses moyens comme lorsque son portable avait sonné à son appartement. "Ash... You can't do anything for me... I don't have the choice... Anyway... Nobody wants me so... He's the only one... Please..." Pourquoi est-ce qu’elle revenait avec ça encore une fois? Elle savait pertinemment que c’était faux. Tout ce qu’elle arrivait à faire en disant ça, c’était de nous blesser elle et moi. Je secouai vivement la tête. « Stop saying that fuck! You know it’s not true. You don’t have to go and he’s not the only one who wants you. » Je soupirai bruyamment, regardant rapidement dans sa direction pour m’assurer qu’il ne pointait pas une arme dans mon dos. Il semblait impatient, mais pas encore d’humeur meurtrière. « Unless you’re the one who wants nobody but him.. »